14 femmes pour révolutionner le monde

Essai collectif écrit par Gaëlle Bantegnie, Yamina Benahmed Daho, Joy Sorman et Stéphanie Vincent

Publié en 2007, cet essai se veut comme boite à outils pour les femmes de demain. Il constitue un pont entre les féministes à la fin du XXème avec les féministes à venir. Nulle théorie vous trouverez, il ne s'agit que de pratiques, singulières, qui montrent que nos visions évoluent constamment à mesure que l'on dialogue avec d'autres femmes.

Grisélidis Réal (1929-2005) : écrivaine de "Le noir est une couleur", "les Sphinx", et "Carnet de bal d'une courtisane". Elle u raconte son métier : prostituée, avec une ténacité qui fait de l'ombre aux discours abolitionnistes. " Tous les modes de vie sont des propositions d'émancipation pour peu qu'on veuille bien arrêter de les hiérarchiser sur l'échelle de la dignité".

"Le principe d'égalité ne vaut que s'il permet une émancipation réelle, si la morale cesse définitivement de réglementer la place sociale et politique des femmes." Elle n'a pas une place exclusive : femme, mère et pute.

Ovidie (1980-...) Actrice X, végétarienne, gothique, devenue réalisatrice, écrivaine. La porno mainstream est sexiste, pas inventive, jamais renouvelée. Après des études de philo, elle s'y met. Femme de gauche, elle promet la porno non sexiste, réformiste du x, le port du préservatif, elle publie des ouvrages comme "porno manifesto". Elle a réalisé beaucoup de documentaires. Elle fait ce que tant de femmes abolitionnistes n'ont pas compris : dialoguer dans et autour du monde du sexe. Ovidie impose son cadre tout comme le gothique épouse son indépendance.

Nelly Viennot (1962-...) Arbitre française de football. Elle est nommé arbitre assistante à la FIFA en 1996, première femme française à officier en division 1. Son métier l'exclue de l'arbitrage principal mais aussi sur le plan spatial où elle s'occupe du hors jeu, terrain de mauvaise foi pour les perdant.e.s. Le 21 décembre 2000, elle est blessée par un pétard et perd 24% de son acuité auditive. Elle refuse que ses enfants assistent aux matchs qu'elle assiste. Elle ne fera pas l'arbitrage de la coupe du monde de 2006 à cause de son sexe : le jour de l'évaluation son score qui la qualifiait selon les temps fixés par l'UEFA de 6,2 a été modifié à 6 secondes. (Et elle a fait le temps de 6,1s...)

Elle fait néanmoins partie des 50 meilleurs arbitres assistants européens, la seule femme. "Parce qu'on en est encore là. Occuper une place avec son corps ou sa voix. C'est l'un ou l'autre. Parler en attendant de se faire une place physique ou installer directement son physique sans en parler".

Eva Joly (1943-...) Magistrate franco-norvégienne. En 2002, après 30 années en France, elle repart dans son pays natal occuper le poste de conseillère anticorruption, la France ne l'ayant jamais prise au sérieux. Eva Joly combat la corruption politico-judiciaire en France : selon elle, si la démocratie française est incapable de s'autoréguler, c'est parce qu'il n'est pas réellement question de démocratie, mais plutôt de son fantôme. La force de son engagement réside dans la façon dont sa vision du monde alterne entre le centre des affaires et la façon décentrée d'y faire face et de les dénoncer. Elle a participer à mettre en lumière la misogynie de fond de la sphère politique nourrie par un culte aux hommes bien intégrés dans la société que l'on ose à peine blâmer pour des faits criminel. Elle fonde la CFDT, un syndicat pour contrer les licenciements irréguliers et abusifs des entreprises. Travailler en entreprise lui a permis se s'armer contre les discours la disqualifiant et ramenant son statut d'employée en opposition avec le pouvoir, la directivité des décisions supérieures et l'amenant à questionner les rapports de pouvoir en entreprise. En 1973, elle obtient après sa licence de droit un poste de conseillère juridique dans un hôpital psychiatrique. En 1981, elle passe un concours pour entrer en magistrature. Elle assoit sa crédibilité sur une forme pragmatique qui n'est pas sas intriguer autour d'elle, les hommes qui la perçoivent comme "l'originale du tribunal". Eva Joly est amenée au delà de l'administration à s'intéresser de près à la criminalité ordinaire. Plus tard, elle est affectée à au service des mineur.e.s, puis à Évry, dans le même service. Elle démissionne à cause de l'imperméabilité de la justice à la délinquance qui ne lui correspond pas. Elle trouve refuge au CIRI, Centre Interministériel des Restructurations Industrielles en 1989. Son expérience est sa force : elle traitera les affaires de délinquances financières comme les délinquances ordinaires, s'éloignant des stéréotypes de quartier et employant les mêmes méthodes afin de rompre avec le tabou invisibilisé des hommes sur-intégrés socialement qui semblent intouchables en perquisitionnant Bernard Tapie en 1994 ou le siège du crédit lyonnais en 1997.

Annette Messager (1943-...) En 1968, elle arrête ses études pour vendre des petits objets. Elle est artisan et artiste à la fois, elle va créer sa première exposition en 1973. Annette est féministe en cela qu'elle dénonce une liste de qualificatifs donnés aux femmes la plupart du temps. Elle édite un collection de 200 proverbes misogynes, sur des carrés de tissus blancs, une manière pour elle de réinvestir la broderie comme un art alors que c'est une activité plutôt genrée voire méprisée par un certain nombre de personnes, en particulier les hommes. Sa liberté réside dans l'acceptation de ses passions, de ce qui l'a construite en tant que personne sans s'inquiéter du regard des autres, sans s'embarrasser de la posture de la société à son sujet. Pionnière dans le fait de ne pas aimer les hommes, elle constitue entre 1971 et 1972 un album par l'intermédiaire de découpage dans des magazines s'intitulant, " les hommes que j'aime, les hommes que je n'aime pas" qui nous fait rentrer dans l'intimité de ses réflexions concernant des photographies d'hommes. En 1971, elle produit sa première œuvre d'importance avec pour seul cadre d'exposition d'utiliser la laine Woolmark. Elle décide alors après avoir trouvé un oiseau mort dans le caniveau de lui confectionner un gilet qui donnera à l'exposition le nom de "le repos des pensionnaires". Elle vit entourée de "ses choses", son matériel de travail, des objets anodins du quotidien comme des sacs en plastique ou des ours en peluche dans son atelier à Malakoff.

Catherine Ringer (1957-...) Catherine Ringer a mis en avant sa créativité et son désengagement pour les codes en affirmant son oeuvre. Au début des années 70, elle est engagée au théâtre de recherche musicale de Micheal Lonsdale. En 1976, elle joue Brecht dans une pièce de Xenakis et se lance dans la danse moderne avec Marcia Moretto. Elle va également à cette époque tourner des films pornographiques. Elle l'assume en mettant en parallèle son expérience du monde du sexe avec le service militaire, une affaire de jeunesse pour elle, un moyen d'ajuster les limites de son corps durant son adolescence. Elle est connu pour être à l'origine du groupe les Rita Mitsouko, ou plutôt du duo avec Fred Chichin, ayant fait 7 ans de prison à cause de la drogue. Ils ne constituent pas à eux deux, un groupe de rock, mais ils représentent plutôt la transcendance du rock : ils mettent en avant le jazz, la variété française, la musique africaine, indienne et latine... Catherine Ringer a mis en avant sa créativité et son désengagement pour les codes en affirmant son oeuvre. Hommage à Marcia, une amie danseuse, elle écrit et chante à tue-tête "et c'est la mort qui a assassiné Marcia !" alors décédée d'un cancer. Hommage à Marcia, son amie danseuse, elle écrit, danse et chante à tue-tête Marcia Baila, "et c'est la mort qui a assassiné Marcia !" - celle-ci alors décédée d'un cancer - comme pour la faire revivre. Catherine ne lésine pas sur la provocation, que ce soit dans ses costumes, dans ses coiffures branchées ou dans son attitude, allant jusqu'à lancer un tampon usagé dans le public.

Article à finir...

Julie Ferrier (1971-...)

Aïcha El Ouafi (1947-...)

Marcela Iacub Mitch (1964-...)

Dominique Voynet (1958-...)

Nathalie Quintane (1964-...)

Laure

Virginie Despentes (1969-...)